Le scan 3D a révolutionné la modélisation et la numérisation des bâtiments, offrant une précision et une rapidité dans la création de jumeaux numériques. Longtemps réservée à des projets de grande envergure, cette technologie est de plus en plus accessible et est devenue un outil indispensable pour les architectes, les ingénieurs et les gestionnaires de patrimoine.
Cependant, derrière la promesse d’une acquisition de données se cache une réalité de terrain souvent bien plus complexe. Le processus de numérisation est une course d’obstacles, où chaque site, avec ses spécificités et ses imprévus, peut transformer une mission de routine en un véritable défi logistique et technique. Des conditions météorologiques défavorables aux obstacles inattendus, en passant par les contraintes humaines, les difficultés rencontrées sur le terrain sont nombreuses et peuvent impacter la qualité des données, la durée du projet et le budget. Cet article explore les principaux défis rencontrés lors des interventions sur site, et propose des solutions pour y faire face.
Météo et conditions du site :
Des obstacles naturels à surmonter
La nature peut être un allié autant qu’un adversaire. Les intempéries peuvent compromettre la qualité du scan en perturbant le signal laser ou en limitant la visibilité des cibles. Par exemple, la neige fraîche peut créer des reflets ou absorber le laser, tandis que l’eau stagnante dans une zone inondée peut générer des erreurs de mesure ou masquer des détails importants. De plus, les conditions de température, qu’elles soient très élevées ou très basses, peuvent affecter le bon fonctionnement de l’équipement, réduisant l’autonomie des batteries et potentiellement endommageant les capteurs. Le matériel n’étant pas étanche, il est donc tout simplement impossible de scanner une zone lors d’intempéries.
Il faudra donc redoubler de vigilance et adapter une stratégie pour chaque situation.


Accès au site et logistique : Le parcours du combattant
L’accès au site est souvent une épreuve en soi. Il arrive que la zone à numériser soit située
dans un endroit inaccessible en voiture, forçant l’équipe à transporter l’ensemble du matériel
sur de longues distances. L’ensemble du matériel de scan 3D ne se résume pas ç un simple
scanner et son trépied. Il s’agit en réalité d’un ensemble lourd et encombrant, comprenant :
- Deux scanners dans leurs valises de transport respectifs
- Deux trépieds
- Quatre valises de sphères (pour les cibles)
- Une malette de matériel divers dont du scotch, papiers, ciseaux, mètres etc
- Et en fonction du besoin sur site, une échelle, des plaques métalliques, et de l’outillage comme une visseuse, une perceuse ou même une meuleuse pour les installations complexes.
Le fait de transporter l’ensemble du matériel sans transport adapté peut s’avérer long et épuisant, retardant le début des opérations et ajoutant des coûts imprévus au projet.
Une bonne préparation et une évaluation des conditions d’accès sont donc essentielles pour minimiser ces pertes de temps.
Facteurs humains et obstacles inattendus : La collaboration est la clé
Les facteurs humains sont une autre source de complications. L’absence des locataires ou des responsables des lieux, des portes fermées à clé, ou encore des réticences à laisser l’équipe opérer peuvent bloquer l’accès à des pièces cruciales et interrompre le processus de scan.
De plus, la synchronisation des interventions entre les différents corps de métier sur un même chantier est un défi constant. Le passage d’autres ouvriers pendant la numérisation peut générer des erreurs en masquant temporairement des zones, ou en déplaçant l’équipement.
Le scan sera donc à refaire. L’impact est plus radical quand un ouvrier chargé d’installer un filet de protection sur un échafaudage rend toute la structure inaccessible au scanner ; pareil pour un peintre qui recouvre les cibles de marquage, les rendant inutilisables.
La pose de protections temporaires sur des éléments à préserver, comme les marches d’escaliers ou des vitres, peut altérer la réalité des données récupérées, créant des lacunes et erreurs dans la maquette 3D.
Cette absence de coordination contraint l’équipe à revenir sur le site, entrainant des retards et coûts supplémentaires non prévus.

Une planification et une bonne organisation sont toujours nécessaires avant chaque scan, impliquant une coordination avec les autres équipes. Cela permet de définir un calendrier et de sensibiliser les ouvriers afin d’éviter les interférences et les dommages causés à l’équipement et aux cibles.

Décalage entre les attentes et la réalité : L’importance d’une reconnaissance approfondie
Il n’est pas rare que les informations fournies par le client (photos, plans) ne correspondent pas à la réalité du site.
Parfois, les plans sont obsolètes, les photos ne reflètent pas l’état actuel du bâtiment, ou le client a omis de mentionner des travaux récents ou des obstacles.
Ce décalage peut avoir des répercussions importantes, obligeant l’équipe à revoir entièrement sa stratégie de scan et à prendre plus de temps que prévu pour obtenir les données complètes.
Il est donc crucial d’effectuer une reconnaissance approfondie du site avant l’intervention pour identifier les défis potentiels et ajuster le plan d’action en conséquence.



